Je suis né dans un lit
Je suis né dans un lit
d'amour ensemencé
dans le terrain fécond
d'une union mémorable
dans le froufrou de draps
complices d'un grand plaisir
Je suis né dans un lit
qui de joie a craqué
toute une nuit
comme un feu d'artifice
présageant mon avenir
sous-produit de frissons délirants
qui font toucher les fonds
qui font monter aux cieux
Jean Saint-Vil
le 18 avril 2011
Genius
Les Latins nommaient Genius le dieu auquel chaque homme se trouve confié au moment de sa naissance. L'étymologie est transparente et reste encore visible dans la proximité de génie et d'engendrer. Que Genius ait eu quelque chose à voir avec engendrer apparaît d'ailleurs évident si l'on pense que pour les Latins l'objet "génial" par excellence était le lit : genialis lectus, parce que c'est là que s'accomplit l'acte de la génération. De là que le jour de la naissance était consacré à Genius ; c'est pourquoi nous le nommons encore généthliaque. Malgré l'odieuse ritournelle anglo-saxonne, désormais inévitable, les cadeaux et les banquets avec lesquels nous célébrons les anniversaires constituent un souvenir de la fête et des sacrifices que les familles romaines offraient au Genius le jour de la naissance de l'un de leurs membres. Horace évoque le vin pur, le cochon de lait de deux mois, l'agneau "immolé", c'est à dire arrosé de la sauce du sacrifice ; mais il semble qu'à l'origine il n'y avait que de l'encens, du vin et de délicieuses fougasses au miel parce que Genius, le dieu qui préside à la naissance, n'aimait pas les sacrifices sanglants.
Giorgio Agamben. Profanations, © 2005, Nottetempo. © Payot & Rivages pour la traduction
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